MĂȘmesi le nĂ©ant existe . Retour aux mots qui blessent, dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©s, et auxquels MylĂšne opposent un autre aspect de la parole, Ă  savoir les « mots qui caressent ». Ici, ce sont les mots qui caressent, verbe Ă  la nature physique qui semble difficilement pouvoir s’appliquer Ă  de la parole donc. On retrouve le lien intense qui
RĂ©sumĂ© Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ©s Les cinq poĂšmes de Victor Hugo souvent rĂ©unis sous l’appellation de nĂ©buleuse “OcĂ©an” », bien qu’ils aient Ă©tĂ© sĂ©parĂ©s dans des publications tardives, possĂšdent plusieurs caractĂ©ristiques communes une mĂȘme pĂ©riode de rĂ©daction bien circonscrite fĂ©vrier 1854, une forte unitĂ© thĂ©matique, et une forme strophique trĂšs contraignante. Leur genĂšse est indissociable de celle, strictement contemporaine, d’autres poĂšmes qui entreront dans La Fin de Satan, encore Ă  l’état d’ébauche, mais aussi dans Les Contemplations et la premiĂšre sĂ©rie de La LĂ©gende des siĂšcles. On peut alors observer dans cet ocĂ©an crĂ©atif, sans Ă©quivalent dans la vie de Victor Hugo, que c’est autour du poĂšme de Satan que se construit le reste, nĂ©buleuse “OcĂ©an” » comprise. PrĂ©vue dĂšs l’origine en poĂšmes distincts, cette derniĂšre ne se comprend que dans son rapport avec lui, non comme un projet Ă  part, mais plutĂŽt comme une tentative provisoire, et compensatoire, de donner une forme Ă  ce qui n’en avait pas encore. The five poems of Victor Hugo, often assembled in the collection called “nĂ©buleuse Ocean’ Ocean’ nebula”, although separated in later editions, possess several common characteristics the same narrow publication period February 1854, a strong coherent theme and a solid, binding verse structure. Their origin is inseparable from that of other poems, strictly contemporary, which find their way into The End of Satan La Fin de Satan, then still in rough note form, but also in The Contemplations Les Contemplations and the first series of The Legend of the Ages La LĂ©gende des siĂšcles. We can observe in this creative ocean, unique in Victor Hugo’s life, that the others are written around the poem of Satan, “Ocean nebula” included. Drafted from the outset as distinct poems, the latter can only be understood by their relationship with it, not as a separate project, but rather as a temporary and compensatory attempt to give shape to something which did not yet have one. Die fĂŒnf Gedichte Victor Hugos, die hĂ€ufig unter dem Titel „nĂ©buleuse OcĂ©an’“ zusammengestellt wurden, obwohl sie in spĂ€teren Editionen getrennt wurden, haben mehrere Charakteristika gemeinsam einen eng umgrenzten Produktionszeitraum Februar 1854, eine eng zusammenhĂ€ngende Thematik sowie eine stark gebundene Versform. Ihr Ursprung ist untrennbar mit dem anderer, genau zeitgleich entstandener Gedichte verbunden, die spĂ€ter, noch in Rohform, in La Fin de Satan Eingang finden sollten, aber auch in Les Contemplations und in die erste Folge von La LĂ©gende des siĂšcles. Man kann also beobachten, dass in diesem kreativen Ozean, der im Leben Victor Hugos einmalig ist, der Rest rund um das Gedicht vom Satan konstruiert wird, einschließlich des „OcĂ©an“. Anfangs als separate Gedichte konzipiert, kann „OcĂ©an“ nur in Verbindung mit dem Zyklus verstanden werden, nicht als ein eigenes Projekt, sondern vielmehr als ein provisorischer und kompensatorischer Versuch, dem eine Form zu verleihen, was davor noch keine hatte. Los cinco poemas de VĂ­ctor Hugo que son reunidos a menudo con la denominaciĂłn de “nebulosa OcĂ©ano’”, por mĂĄs que hayan estado separados en publicaciones tardĂ­as, poseen varias caracterĂ­sticas comunes un mismo perĂ­odo de redacciĂłn bien circunscripto febrero de 1854, una gran unidad temĂĄtica y una forma estrĂłfica muy estricta. Su gĂ©nesis es indisociable de la de otros poemas estrictamente contemporĂĄneos que entrarĂĄn en El fin de SatĂĄn, en un estado de esbozo, pero tambiĂ©n en Las contemplaciones y en la primera serie de La leyenda de los siglos, lo que permite observar en ese ocĂ©ano creativo –sin equivalentes en la vida de VĂ­ctor Hugo–, que es alrededor del poema de SatĂĄn que se construye el resto, incluida la “nebulosa OcĂ©ano’”. Prevista desde el comienzo como poemas independientes, la “nebulosa OcĂ©ano’” sĂłlo puede ser entendida en su relaciĂłn con aquĂ©l, no como un proyecto aparte, sino mĂĄs bien como una tentativa provisoria, y compensatoria, de otorgar una forma a algo que carecĂ­a de ella todavĂ­a. Os cinco poemas de Victor Hugo muitas vezes referidos como "nebulosa OcĂ©an", embora separados em publicaçÔes tardias, possuem vĂĄrias caracterĂ­sticas comuns o mesmo circunscrito tempo de escrita fevereiro de 1854, uma forte coerĂȘncia temĂĄtica e uma sĂłlida e coesa estrutura versificatĂłria. Pela origem sĂŁo indissociĂĄveis de outros poemas contemporĂąneos que entrarĂŁo em La Fin de Satan, ainda em esboço, e tambĂ©m em Les Contemplations e na primeira sĂ©rie de La LĂ©gende des siĂšcles. Neste oceano criativo, sem equivalente na vida de Victor Hugo, Ă© possĂ­vel constatar que Ă© em torno do poema de Satan que se constrĂłi o resto, inclusive a "nebulosa OcĂ©an". Esta foi planejada desde o inĂ­cio como sĂ©rie de poemas distintos, mas que sĂł ganham sentido associados na estrutura maior ; nĂŁo sĂŁo um projecto separado, mas uma tentativa provisĂłria, e bem sucedida, de dar forma ao que ainda nĂŁo a tinha. I cinque poemi di Victor Hugo spesso riuniti sotto il titolo di nĂ©buleuse “OcĂ©an” nebulosa “Oceano”, nonostante siano stati pubblicati separatamente, possiedono molte caratteristiche comuni uno stesso periodo di redazione ben circoscritto febbraio 1854, una forte unitĂ  tematica ed una forma strofica molto vincolante. La loro genesi Ăš indissociabile da quella, strettamente contemporanea, di altri poemi che entreranno a far parte de La fine di Satana – ancora allo stadio di bozza – ma anche delle Contemplazioni e della prima serie de La leggenda dei secoli. In quest’oceano creativo senza equivalenti nella vita di Hugo, Ăš attorno al poema di Satana che si costruisce il resto, nebulosa “Oceano” compresa. Prevista fin dall’inizio come una serie di poemi distinti, quest’ultima si comprende solamente nel suo rapporto a questo poema ; non come un progetto separato, dunque, ma come un tentativo provvisorio – e compensatorio – di dare una forma a ciĂČ che non l’aveva de page Texte intĂ©gral 1 Le mot de nĂ©buleuse » est de Jean Massin, il sert de titre au regroupement des poĂšmes OcĂ©an », ... 2 Voir Jean Gaudon, Victor Hugo Ă  Jersey », CFL, t. IX, p. xl, et Le Temps de la contemplation, Par ... 1Une fois employĂ© le mot de nĂ©buleuse » Ă  propos d’ OcĂ©an » et des poĂšmes qui sont dans sa mouvance, il semble que tout soit dit1. On est en prĂ©sence d’un vaste ensemble de plus de mille vers qui couvrent tout l’espace de la page, corps du texte et marge, en une profusion extraordinaire fig. 1. Exemple de poĂ©sie ininterrompue en une poussĂ©e irrĂ©pressible qui s’invente au fur et Ă  mesure qu’elle se compose2, selon un mouvement doublement contradictoire d’une part, les strophes prolifĂšrent, s’ajoutant les unes aux autres dans la marge, quitte Ă  ĂȘtre ensuite rayĂ©es, ou bien pour ĂȘtre transposĂ©es sur une autre page, ou bien pour ĂȘtre purement et simplement Ă©liminĂ©es, abandonnĂ©es plutĂŽt ; d’autre part, le texte paraĂźt connaĂźtre une expansion sans limite, mais chaque poĂšme de l’ensemble est structurĂ© et organisĂ©, soumis Ă  des divisions internes, et les unes par rapport aux autres les piĂšces dessinent une configuration gĂ©nĂ©rale de sens. S’ajoute, et ceci n’est pas sĂ©parable de cela, que cet ensemble se signale immĂ©diatement par la mĂȘme forme strophique des sizains composĂ©s de deux tercets formĂ©s chacun de deux heptasyllabes et d’un tĂ©trasyllabe 7/7/4/7/7/4. Une telle organisation strophique ne se rencontre nulle part ailleurs chez Hugo et pour la singularitĂ© elle ne peut se comparer qu’aux Djinns » des Orientales. À soi seule elle donne son identitĂ© poĂ©tique Ă  la nĂ©buleuse- OcĂ©an ». Fig. 1 Manuscrit d’ OcĂ©an » La LĂ©gende des siĂšcles Naf 24 758 1F., f° 128 r°. 3 Le nombre de strophes indiquĂ© n’est qu’approximatif ; il faudrait Ă©galement tenir compte des stroph ... 4 Voir Jean Gaudon, De la poĂ©sie au poĂšme remarques sur les manuscrits poĂ©tiques de Victor Hugo » ... 2La nĂ©buleuse – nous utiliserons cette expression commode, qui vaut ce qu’elle vaut – est formĂ©e de cinq poĂšmes Chanson de bord » 6 strophes ; non datĂ© ; Gros temps la nuit » 13 strophes ; datĂ© du 2 fĂ©vrier 1854 ; OcĂ©an » 82 strophes ; datĂ© du 18 fĂ©vrier 1854 ; Sur la falaise » 13 strophes ; datĂ© du 28 fĂ©vrier 1854 et Les paysans au bord de la mer » 27 strophes ; datĂ© du 1er mars 18543. L’unitĂ© thĂ©matique est manifeste et assure aux cinq poĂšmes leur cohĂ©rence. La question qui se pose est de savoir si on est en prĂ©sence d’un ensemble qui a Ă©tĂ© dans un premier temps indĂ©terminĂ© et fragmentĂ© ensuite en diffĂ©rents poĂšmes. Dans ce cas on aurait affaire moins Ă  un poĂšme qu’à un texte, et ce texte serait l’expression d’une pulsion qui serait poĂ©sie, poĂ©sie Ă  l’état brut, immĂ©diat, en toute libertĂ©4, Hugo ayant ensuite essayĂ© de discipliner ce texte de poĂ©sie en poĂšmes. Cette interprĂ©tation est possible, et rendrait assez bien compte de ce mouvement premier qu’est la poĂ©sie de Hugo. 5 Renvoyons Ă  l’article dĂ©cisif de Pierre Albouy, Une Ɠuvre de Victor Hugo reconstituĂ©e », RHLF, ju ... 3Faut-il dans ces conditions rapprocher le cas d’ OcĂ©an » et de la ci-devant nĂ©buleuse du Verso de la page ? Certainement pas les deux poĂšmes ne sont qu’apparemment comparables dans le traitement qu’ils ont subi. Pour ce qui est du Verso de la page, il a connu un dĂ©membrement bien postĂ©rieur Ă  sa composition5. Écrit entre novembre 1857 et fĂ©vrier 1858, alors que Hugo se livre Ă  une vaste et angoissante rĂ©flexion sur le mal dans l’histoire et sur les moyens d’y remĂ©dier, il fut destinĂ©, un temps, Ă  figurer dans ce qui s’appelait alors Les Petites ÉpopĂ©es avec La PitiĂ© suprĂȘme, L’Âne et La RĂ©volution. Ayant renoncĂ© Ă  ce projet pharaonique, Hugo garda par-devers lui-mĂȘme ce poĂšme dĂ©sormais sans emploi, jusqu’en 1870-1871, lorsqu’il entreprit L’AnnĂ©e terrible. Il tailla donc dans le vieux poĂšme de 1857-1858 afin d’en extraire plus de cinq cents vers, deux cent quinze pour le Prologue » et trois cent trente constituant le poĂšme Loi de formation du progrĂšs ». Le reste, c’est-Ă -dire un peu plus de huit cents vers, connut des publications postĂ©rieures dans Les Quatre Vents de l’esprit, L’Art d’ĂȘtre grand-pĂšre et Toute la lyre. En somme, Hugo a piochĂ© dans ce poĂšme de la matiĂšre textuelle en le dĂ©piautant. C’est sinon la pratique de l’accommodation des restes, du moins la gestion avisĂ©e des fonds de tiroir. 4Rien de semblable en ce qui concerne OcĂ©an » et les poĂšmes qui se rattachent Ă  lui. Contrairement au Verso, il n’y a pas eu avec OcĂ©an » de dĂ©membrement. Cela de toute façon aurait Ă©tĂ© impossible, du fait de la forme mĂȘme si particuliĂšre du texte composĂ© de sizains uniques dans son Ɠuvre, alors que le discours en alexandrins, qui dans le cas du poĂšme de 1857-1858 est quelquefois assez proche de la prose versifiĂ©e, peut se redistribuer sans trop de difficultĂ©s dans d’autres poĂšmes. Surtout, ce qu’on suppose ĂȘtre un Ă©clatement d’ OcĂ©an » n’est en aucune façon un dĂ©membrement, mais, Ă©ventuellement, une rĂ©organisation textuelle qui serait intervenue au moment mĂȘme de la composition, et ce n’est d’ailleurs pas sĂ»r du tout. Si les cinq poĂšmes qualifiĂ©s de nĂ©buleuse- OcĂ©an » ont une parfaite homogĂ©nĂ©itĂ©, ce n’est pas dire qu’ils formaient Ă  l’origine un seul et mĂȘme texte dans lequel Hugo aurait opĂ©rĂ© des divisions, pour aboutir aux cinq poĂšmes en question. Nous soutiendrons, au contraire, que ces poĂšmes, tout en ayant la mĂȘme forme et tout en mettant en Ɠuvre la mĂȘme thĂ©matique, ont Ă©tĂ© conçus par Hugo comme distincts les uns des autres. Il n’est donc pas possible de se livrer sur OcĂ©an » et ses quatre poĂšmes satellites au travail qui a Ă©tĂ© fait sur Le Verso de la page, pour la bonne raison que le poĂšme de 1854 n’a pas Ă©tĂ© mis en piĂšces comme l’a Ă©tĂ© celui de 1857-1858. 6 Hugo utilise rĂ©guliĂšrement dans son Ɠuvre cette citation de l’Évangile selon saint Jean 3, 8 ... 5 OcĂ©an » et les poĂšmes qui l’accompagnent, par leur forme unique et par le trĂšs court espace de temps que leur composition a demandĂ© un mois, font l’effet d’une espĂšce d’hapax poĂ©tique dans l’Ɠuvre de Hugo. De fait, il est difficile de trouver chez lui quelque chose d’aussi singulier. Pour expliquer un tel cas, pas d’explication, ou alors la convocation de la pulsion de la poĂ©sie spiritus flat ubi vult6, afin d’expliquer, ou de ne pas expliquer, ce qui dĂ©fie le sens. Avant tout il faut s’interdire de penser que ces poĂšmes- OcĂ©an » constitueraient Ă  eux seuls une singularitĂ© au sein de la production de l’hiver de 1854 ; au contraire, nous poserons qu’ils se rattachent gĂ©nĂ©tiquement Ă  elle et que mĂȘme ils ne peuvent se comprendre qu’en Ă©tant rattachĂ©s Ă  elle. 6Que fait donc Hugo en fĂ©vrier 1854, lorsqu’il Ă©crit OcĂ©an » ? Pour l’essentiel il travaille Ă  un texte dont Satan est le hĂ©ros, donnant corps narrativement Ă  un personnage qui vient de faire son entrĂ©e dans l’Ɠuvre. 7 Voir RenĂ© Journet et Guy Robert, Contribution aux Ă©tudes sur Victor Hugo, t. II, Le texte de La F ... 7Texte, et non pas poĂšme, simplement parce que de poĂšme Ă  l’origine, il n’y en a pas, mais un long cri Ă©perdu de 288 vers7, auquel est donnĂ© le titre, si c’en est un, de Satan ». Satan au fond de la nuit de l’enfer vocifĂšre son amour pour Dieu, car il aime Dieu, c’est lĂ  son tourment. Ces vers sont datĂ©s du 20 janvier, ils formeront bien plus tard le cƓur noir de la division Satan dans la nuit » de La Fin de Satan. Encore n’est-ce qu’une illusion rĂ©trospective, puisque, au moment oĂč ces vers sont Ă©crits, il n’y a pas de poĂšme Ă©pique en vue, ce n’est qu’un cri de damnĂ© qui clame sa dĂ©rĂ©liction. Cependant, Ă  partir de fĂ©vrier, un peu plus de trois semaines aprĂšs cet ensemble occupĂ© par les lamentations de Satan, Hugo compose deux discours, un discours de MelchisĂ©dech et un discours d’OrphĂ©e, datĂ©s respectivement du 14 et du 16 fĂ©vrier. Ces deux discours ont pour auditeur Nemrod le conquĂ©rant. Telles que les choses en la matiĂšre peuvent ĂȘtre reconstituĂ©es, il apparaĂźt qu’en ce mois de fĂ©vrier 1854 une concrĂ©tion poĂ©tique s’élabore autour de ce personnage de Nemrod. Nemrod est le guerrier, la figure du mal que Satan du fond de l’enfer inspire sur terre. UltĂ©rieurement, quand Hugo Ă©crira La Fin de Satan, un Ă©pisode entier lui sera consacrĂ©, Le Glaive », dans lequel prendront place les deux chants Ă©crits en fĂ©vrier. En janvier-fĂ©vrier, on n’en est pas lĂ . Quelque chose cristallise, qui n’a guĂšre qu’un nom, Satan », auquel se raccrochent des motifs, comme ceux du mal et de la guerre, qui se fixent sur ce personnage de Nemrod. SpĂ©cialement remarquable le fait que dans ce qui s’écrit alors, en janvier comme en fĂ©vrier, domine le chant chant de Satan, chant de MelchisĂ©dech, chant d’OrphĂ©e. Ce sont des chants Ă  la premiĂšre personne, oĂč un sujet s’interroge sur lui-mĂȘme, sur son identitĂ©, dans la relation que celle-ci entretient justement avec la parole, la parole de soi. Mais il est Ă  noter que cette parole ne trouve pas Ă  se fixer sous la forme d’un poĂšme ; elle est ou bien cri, dans le cas de Satan, ou bien fragment au sein d’un ensemble qui n’existe pas encore. 8 OcĂ©an », CFL, t. IX, p. 677-683. 9 Ibid., p. 681. 10 Ibid., p. 683. 8Quel rapport avec OcĂ©an » ? D’un point de vue poĂ©ticien, le rapport est Ă©vident une crĂ©ature incontestablement satanique, OcĂ©an, exalte sa fureur en un long monologue hystĂ©rique. À la diffĂ©rence des autres monstres du bestiaire cosmique et mythologique, qui ont fini par ĂȘtre domptĂ©s, lui n’a connu aucun belluaire ; il persiste Ă  ĂȘtre une force sauvage que rien ne fait plier. Comme Satan, son mot est Non serviam ». Et il s’en vante de maniĂšre triomphale pendant des dizaines de strophes8, dans un chant ivre de lui-mĂȘme, un chant Ă  la premiĂšre personne d’un lyrisme noir. C’est un fils de Satan significativement les deux derniĂšres rimes de son imprĂ©cation sont yatagan et ouragan. OcĂ©an est un Satan forcenĂ©, mais Ă  la diffĂ©rence du maudit, il n’a aucun amour pour Dieu. L’idĂ©e mĂȘme d’une fin de Satan » suscite ses sarcasmes Je devine/Qu’on rĂȘve une Ăšre divine/Fin des flĂ©aux9 ». À ce chant de haine, rĂ©pond dans la seconde partie du poĂšme, au contraire, la parole sensĂ©e de l’homme qui prĂ©dit Ă  l’ocĂ©an l’ùre nouvelle des temps futurs Tout enfer s’éteint ; nul bagne/N’est Ă©ternel10 », mais reconnaissons que ces 18 derniĂšres strophes du poĂšme ne pĂšsent pas bien lourd en face des 48 strophes d’une noirceur jouissive et jubilatoire d’OcĂ©an. Ce n’est pas Ă©tonnant, car dans le personnage d’OcĂ©an se conjoignent Satan et Nemrod. 11 Ibid., p. 676, n. 2, p. 677, n. 15 et p. 683, n. 42. 9La signification d’un pareil poĂšme est manifeste, il s’agit pour Hugo de s’offrir en raccourci l’image de son poĂšme de Satan/Satan achevĂ©. C’est rendu visible par la volontĂ© d’abord de structurer un texte en un poĂšme, avec des divisions internes. Ce souci se traduit lui-mĂȘme, notera-t-on en passant, par des hĂ©sitations sur la cĂ©sure du poĂšme en deux ou en trois parties11. Quant aux quatre poĂšmes qui servent d’escorte Ă  OcĂ©an », ils ont pour fonction de l’éclairer de l’extĂ©rieur. Le premier, Chanson de bord », en faisant entendre un chant humain, le deuxiĂšme, en Ă©voquant la furie de l’ocĂ©an sur terre et sur mer, les deux derniers, Sur la falaise » et Les paysans au bord de la mer », en donnant Ă  voir du rivage le spectacle de l’ocĂ©an dĂ©chaĂźnĂ©. Ces deux derniers poĂšmes, signalons-le, sont eux-mĂȘmes soumis Ă  des divisions internes. L’élĂ©ment le plus remarquable reste la forme strophique si particuliĂšre employĂ©e par Hugo pour ces cinq poĂšmes. Elle semble terriblement corsetĂ©e, infiniment plus Ă  premiĂšre vue que les alexandrins qui se dĂ©roulent au kilomĂštre dans la plupart des poĂšmes de Hugo de l’époque. Ce n’est peut-ĂȘtre qu’une apparence ces sizains d’heptasyllabes et de tĂ©trasyllabes ont une lĂ©gĂšretĂ© mĂ©trique qui les distingue des alexandrins et leur donne une espĂšce de volatilitĂ©, mais, d’un autre cĂŽtĂ©, la contrainte strophique permet de soumettre Ă  une forme fixe le flux poĂ©tique pour en faire un poĂšme et contribue Ă  le canaliser. Pour reprendre la mĂ©taphore trĂšs cĂ©lĂšbre de Hugo Ă  laquelle aboutit le poĂšme de Pasteurs et troupeaux » Les Contemplations, II, 23, ces strophes sont les moutons sinistres » de l’ocĂ©an, ses flocons d’écume. 12 Le poĂšme Chanson de bord » n’est pas datĂ©, mais, comme le remarque Massin dans son Ă©dition, le gl ... 10Les analyses sommaires prĂ©cĂ©dentes relevaient de la poĂ©tique ; essayons maintenant de les vĂ©rifier en nous plaçant au plan de la gĂ©nĂ©tique. Pour cela nous commencerons par la datation des diffĂ©rents poĂšmes de la nĂ©buleuse- OcĂ©an ». Si on se fie aux dates portĂ©es sur quatre des poĂšmes de la nĂ©buleuse12, l’ensemble a Ă©tĂ© Ă©crit entre le 2 fĂ©vrier et le 1er mars 1854. C’est tout Ă  fait possible, mais il faut souligner que pendant ce mois de fĂ©vrier l’écriture de ces poĂšmes a Ă©tĂ© menĂ©e parallĂšlement Ă  celle de nombreux autres poĂšmes, et certains de grande ampleur comme la plus grande partie du Glaive » de La Fin de Satan, Les pauvres gens » et Au lion d’AndroclĂšs », entre autres, pour ne rien dire de la Lettre Ă  lord Palmerston. L’activitĂ© de Hugo pendant ces quatre semaines a Ă©tĂ© considĂ©rable, dĂ©bordante. Dans des pĂ©riodes de ce genre, Hugo est capable d’écrire deux cents vers par jour, mais, si on se reporte, par exemple, Ă  l’automne et Ă  l’hiver de 1857-1858, il ne travaille alors que sur un seul poĂšme, ou bien un poĂšme didactique, comme La RĂ©volution ou La PitiĂ© suprĂȘme ou un poĂšme narratif, comme les textes qui composent le cycle de Ratbert. Ces poĂšmes, d’autre part, tous en alexandrins, sont d’une grande homogĂ©nĂ©itĂ© thĂ©matique et idĂ©ologique. Ce n’est pas du tout le cas avec ce qui s’écrit en fĂ©vrier 1854, oĂč les sizains d’ OcĂ©an » sont contemporains d’un Ă©pisode Ă©pique Le Glaive », d’un rĂ©cit Les Pauvres Gens », d’une machine façon pĂ©plum Au lion d’AndroclĂšs » et de poĂšmes qui prendront place dans Les Contemplations Chose vue un jour de printemps », CrĂ©puscule ». Bien sĂ»r, il est toujours possible de parler de bouillonnement, d’effervescence, etc., mais c’est une forme de dĂ©mission de la pensĂ©e. Reste cependant qu’il est difficile de faire entrer la nĂ©buleuse dans le calendrier gĂ©nĂ©tique de ce mois de fĂ©vrier, Ă  moins de suspecter que les dates portĂ©es sur les poĂšmes soient fausses. 11Elles ne sont pas fausses, et il serait sans aucune pertinence Ă  cet Ă©gard d’avancer le cas des datations fictives d’un grand nombre de poĂšmes des Contemplations ces datations ont pour but de dessiner la courbe d’une vie et elles ont un caractĂšre fictionnel, plus que fictif, le propos de Hugo Ă©tant d’écrire le roman de sa vie. Admettons, au contraire, que les dates qui figurent au bas des poĂšmes de la nĂ©buleuse- OcĂ©an » sont exactes, que la datation scande le travail d’avancement de la nĂ©buleuse. Celle-ci s’élabore mĂ©thodiquement, et, Ă  nos yeux, est beaucoup moins fiĂ©vreuse et emportĂ©e qu’il pourrait sembler. Cela n’exclut pas une certaine exubĂ©rance, qui se traduit par une Ă©criture de type prolifĂ©rant. Il faut cependant souligner que cette prolifĂ©ration ne s’observe vĂ©ritablement que dans le seul poĂšme OcĂ©an », et c’est alors Ă  attribuer au chant lui-mĂȘme d’OcĂ©an, personnage qui vit sa relation Ă  la parole sur le mode de l’éructation, exactement comme le Satan du mois de janvier. Par contraste, les autres poĂšmes qui l’entourent ont pour fonction de stabiliser en quelque sorte ce jaillissement Ă©ruptif et d’en limiter la propagation, resserrant cette explosion au seul poĂšme OcĂ©an ». Il est remarquable Ă  cet Ă©gard que ces poĂšmes sont trĂšs strictement divisĂ©s en sections, comme s’il fallait empĂȘcher qu’ils Ă©chappent Ă  tout contrĂŽle. La prĂ©sentation du poĂšme Sur la falaise » est de ce point de vue trĂšs significative. Le titre, la premiĂšre section du poĂšme ainsi qu’une partie de la troisiĂšme section sont localisĂ©s Ă  gauche, c’est-Ă -dire dans la position qui serait la leur s’ils Ă©taient des additions marginales fig. 2. L’usage constant de Hugo, on le sait, est de laisser libre dans les pages qu’il utilise un espace important sur la gauche de la feuille pour y porter d’éventuelles additions. De quoi on conclura, non pas que les strophes de la premiĂšre et d’une partie de la troisiĂšme section sont des additions – additions Ă  quoi ? –, mais qu’en lui-mĂȘme le poĂšme a un statut de marge, ce qui a pour effet de crĂ©er une tension entre texte et poĂšme, ou Ă  tout le moins d’instaurer au sein mĂȘme de la stabilitĂ© du poĂšme un espace d’instabilitĂ© textuelle. Il serait possible d’étendre cette remarque Ă  l’ensemble de la nĂ©buleuse- OcĂ©an », mais il n’est pas lĂ©gitime de pousser cette idĂ©e jusqu’au bout, parce qu’alors elle aboutit Ă  la conclusion que toute cette nĂ©buleuse- OcĂ©an » jouit d’une espĂšce de singularitĂ© poĂ©tique par rapport au reste de la production de Hugo en ce mois de fĂ©vrier 1854, et que nous avons refusĂ© une semblable conception, au nom d’une approche gĂ©nĂ©tique unitaire de cette pĂ©riode. Fig. 2 Manuscrit de Sur la falaise » Les Quatre Vents de l’Esprit, III, 19 BnF, Naf 24762, f° 352 r°-353 r°. 12Reste une difficultĂ© de taille, au sens propre. Si on fait la somme de tous les vers qui sont Ă©crits pendant ce mois de fĂ©vrier, on arrive Ă  un total Ă©norme qui suppose que Hugo travaillait plus de vingt-quatre heures par jour, et que, le mĂȘme jour, il Ă©crivait plusieurs poĂšmes diffĂ©rents et trĂšs Ă©trangers les uns aux autres. Ainsi la plus grande partie de la nĂ©buleuse- OcĂ©an », qui reprĂ©sente plus de mille vers, aurait Ă©tĂ© Ă©crite pendant que Hugo mettait en place l’épisode du Glaive » de la future Fin de Satan, et ainsi de suite. Il y a lĂ  quelque chose qui Ă©chappe Ă  la comprĂ©hension. De lĂ  la tentation de suspecter les dates portĂ©es aux manuscrits, mais nous avons dĂ©cidĂ© de ne pas y cĂ©der, et, de toute façon, quoi qu’il faille penser de ces dates, les poĂšmes ont Ă©tĂ© Ă©crits, la masse de leurs vers est lĂ . Avançons donc qu’il y a deux chronologies qui coexistent pendant ce mois de fĂ©vrier 1854. L’une est la chronologie de la nĂ©buleuse- OcĂ©an », l’autre est la chronologie des dĂ©veloppements destinĂ©s Ă  l’épopĂ©e de Satan Le glaive » et du tout-venant des poĂšmes isolĂ©s qui sont suscitĂ©s par telle ou telle circonstance. Au lion d’AndroclĂšs », par exemple, rĂ©sulte d’une commande de la Table. À la suite formulons l’hypothĂšse suivante le chantier- OcĂ©an » est en grande partie indĂ©pendant du reste de ce qui s’écrit alors, en l’occurrence et pour l’essentiel le poĂšme de Satan, dont Hugo Ă©crit l’épisode de Nemrod. C’est ce chantier principal qui l’occupe tout au long du mois. Tout ce qui est en dehors, les poĂšmes isolĂ©s comme la nĂ©buleuse- OcĂ©an » ne s’y rapporte que marginalement, par la bande, pour ainsi dire, voire pas du tout. D’aprĂšs notre hypothĂšse le travail de Hugo en ce mois de fĂ©vrier ne s’est pas fixĂ© sur deux projets, OcĂ©an », d’une part, le poĂšme de Satan, d’autre part, mais sur un seul, Ă  savoir le poĂšme de Satan. C’est lui qui permet de comprendre la genĂšse et le dĂ©veloppement d’ OcĂ©an » et de ses poĂšmes satellites. 13 Voir supra, n. 12. 13Les choses cependant se compliquent un peu, si on prend en compte les autres poĂšmes Ă©crits par Hugo en plus d’ OcĂ©an » et de ce que nous appellerons Satan. Il y a aussi de grandes compositions comme le poĂšme dĂ©diĂ© au lion d’AndroclĂšs et Les Pauvres Gens ». Sur le poĂšme Au lion d’AndroclĂšs », nous irons vite. Il est datĂ© du 28 fĂ©vrier 1854 et il n’est pas du tout impossible qu’il ait Ă©tĂ© Ă©crit en un seul jour ; ses quatre-vingt-seize vers correspondent Ă  ce que Hugo peut Ă©crire quotidiennement, et pour l’occasion d’autant plus facilement que les motifs de la dĂ©cadence de Rome qu’il dĂ©veloppe dans ce poĂšme lui sont bien connus et familiers depuis L’égout de Rome » avril 1853. Le cas des Pauvres Gens » est plus intĂ©ressant, non pas parce que ce poĂšme est nettement plus long deux cent cinquante-six vers, mais parce qu’il interfĂšre directement avec la nĂ©buleuse- OcĂ©an ». Il est datĂ© du 3 fĂ©vrier, le lendemain mĂȘme de Gros temps la nuit ». Il a sans doute dĂ» demander plus d’un jour de travail et ĂȘtre entrepris dans la seconde quinzaine de janvier, vraisemblablement la derniĂšre semaine, aprĂšs l’achĂšvement le 20 janvier du monologue fiĂ©vreux de Satan dans l’enfer. C’est alors aussi qu’ont pu ĂȘtre Ă©crits les poĂšmes Chanson de bord » et Gros temps la nuit ». Le premier n’est pas datĂ©, mais comme certaines de ses strophes se retrouvent dans des poĂšmes ultĂ©rieurs de la nĂ©buleuse- OcĂ©an »13, il a dĂ» constituer le point de dĂ©part de l’ensemble et remonterait donc Ă  la toute fin de cette derniĂšre semaine de janvier ; pour sa part, Gros temps la nuit » est datĂ© du 2 fĂ©vrier. La proximitĂ© entre ces deux poĂšmes, surtout le second, et Les Pauvres Gens » est indiscutable. MĂȘme contexte, mĂȘme thĂ©matique ; voici les trois derniers vers de la premiĂšre section des Pauvres Gens » 14 Les pauvres gens », La LĂ©gende des siĂšcles, CFL, t. X, p. 632. Nous rĂ©tablissons la majuscule Ă  ... Et dehors, blanc d’écume,Au ciel, aux vents, aux rocs, Ă  la nuit, Ă  la brume,Le sinistre OcĂ©an jette son noir sanglot14. 15 Le lien entre les deux poĂšmes est tel que les vers 13 et 14 de Chose vue un jour de printemps » s ... 16 Ajoutons un alexandrin dĂ©libĂ©rĂ©ment prosaĂŻque dans Les pauvres gens », qui fait multiplier Ă  Hu ... C’est exactement la mĂȘme prĂ©sentation d’ OcĂ©an », lequel a une majuscule ici comme dans le poĂšme auquel il donne son titre. Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, ces paysans au bord de la mer qui donnent la matiĂšre d’un des poĂšmes de la nĂ©buleuse sont les pauvres gens mis en scĂšne par le poĂšme du 3 fĂ©vrier. Ce poĂšme des Pauvres Gens » suscite lui-mĂȘme, Ă  peine achevĂ©, Chose vue un jour de printemps » Les Contemplations, III, 7 ; datĂ© du 4 fĂ©vrier 1854, dont la scĂ©nographie une mĂšre morte de faim laissant quatre orphelins15 reprend partiellement celle du poĂšme terminĂ© la veille. Il est inutile de se demander si le poĂšme d’ OcĂ©an » est sorti des Pauvres Gens » ou le contraire, ce n’est pas une question de source ou d’influence ; ce qui est certain, c’est que cette nĂ©buleuse- OcĂ©an » n’a pas Ă  ĂȘtre isolĂ©e dans une solitude hĂ©roĂŻque. Mais le plus intĂ©ressant est que Les Pauvres Gens », s’ils ont bien en commun la mĂȘme thĂ©matique que Gros temps la nuit », sont en rupture mĂ©trique et, plus profondĂ©ment, poĂ©tique par rapport Ă  la nĂ©buleuse- OcĂ©an ». Il y a en particulier une narrativitĂ© qui est totalement Ă©trangĂšre Ă  elle, et on peut Ă  ce propos se demander si cette absence de narrativitĂ© dans OcĂ©an » et ses poĂšmes satellites n’est pas ce qui explique justement leur forme si particuliĂšre, le narratif, au contraire, se coulant dans l’alexandrin16. On est donc en prĂ©sence de deux Ă©critures Ă  la fois diffĂ©rentes et parallĂšles, se cĂŽtoyant, mais ne se rencontrant pas. 17 Voir Le glaive », La Fin de Satan ; CFL, t. XI, p. 1634-1636. 14Cette remarque s’étend Ă  la relation de la nĂ©buleuse- OcĂ©an » avec le poĂšme de Satan, mais en la circonstance une distinction doit ĂȘtre faite entre ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit en janvier et ce qui s’écrit en fĂ©vrier. En janvier, c’est un monologue Ă  la premiĂšre personne, exemplaire du lyrisme noir que Hugo pratique rĂ©guliĂšrement Ă  partir de l’exil et dont la tirade d’OcĂ©an est une parfaite illustration ; en fĂ©vrier, au contraire, les chants de MelchisĂ©dech et d’OrphĂ©e prennent place dans un rĂ©cit. Sans doute sont-ils, quand ils sont composĂ©s Ă  la mi-fĂ©vrier, des chants Ă  la premiĂšre personne, et des chants de mort d’une noirceur terrible, mais l’écriture par la suite du rĂ©cit mettant en scĂšne Nemrod17 leur ĂŽte une bonne partie de leur sombre dimension lyrique et fait d’eux des discours au sein d’une narration. Toutes choses Ă©tant Ă©gales, la mĂȘme chose se produit avec les deux poĂšmes Les paysans au bord de la mer » et Sur la falaise » que Hugo Ă©crit aprĂšs OcĂ©an » datĂ©s respectivement du 28 fĂ©vrier et du 1er mars pour offrir un cadre narratif Ă  la diatribe d’OcĂ©an. Le but recherchĂ© n’est pas d’anesthĂ©sier le chant d’OcĂ©an et de lui faire perdre sa coloration infernale, mais d’imposer la structure d’un poĂšme Ă  ce qui pourrait bien n’ĂȘtre comme le monologue de Satan qu’un texte, oĂč un Je est pour ainsi dire rĂ©duit Ă  sa propre Ă©nonciation. 18 OcĂ©an », CFL, t. IX, p. 680, ainsi que les citations suivantes. 19 Voir Jean Gaudon, Le Temps de la contemplation, Ă©d. citĂ©e, p. 210-214. 15Les cinq piĂšces de la nĂ©buleuse- OcĂ©an » ont Ă©tĂ© Ă©crites en parallĂšle avec les autres poĂšmes de fĂ©vrier 1854. Mais pas en concurrence avec eux. Elles ont Ă©tĂ© conçues, avancerons-nous, comme un ensemble parfaitement distinct, mĂȘme s’il leur arrivait, presque nĂ©cessairement, d’avoir des Ă©lĂ©ments en commun. L’objection qui peut ĂȘtre faite, Ă  savoir qu’il est quand mĂȘme assez extraordinaire, et mĂȘme difficilement pensable, qu’une telle masse de vers ait pu ĂȘtre composĂ©e en mĂȘme temps que le reste de ce qui s’écrivait n’en est pas une. Ces poĂšmes d’ OcĂ©an » sont tellement diffĂ©rents par leur forme qu’il Ă©tait tout Ă  fait possible qu’ils aient Ă©tĂ© Ă©crits assez facilement, les strophes sont lĂ©gĂšres et allĂšgres, tombant les unes aprĂšs les autres comme Ă  Gravelotte, chacune entraĂźnant la suivante. Le caractĂšre contraint des strophes, loin d’avoir offert une rĂ©sistance, a pu, au contraire, favoriser cette mitraille, imprimant un rythme rapide d’écriture. À cela il faut Ă©galement ajouter un Ă©lĂ©ment non nĂ©gligeable la part de la fantaisie dans ces vers. Non pas dans ses motifs, il serait absurde de minimiser la noirceur du tableau qui est fait de l’ocĂ©an en furie, mais dans la rupture stylistique et mĂ©trique avec la grande poĂ©sie de la nuit que cultive ailleurs Hugo. Ainsi aux grincements de dents de Satan se substituent les ricanements sarcastiques d’OcĂ©an, qui traite l’orage des plaines18 » de canard sauvage » et l’hydre de Lerne de grenouille », ou qui ruine avec une joyeuse jubilation tous les mythes progressistes et promĂ©thĂ©ens sur lesquels se fonde une bonne partie de la philosophie de Hugo depuis longtemps. À cet Ă©gard OcĂ©an » n’est pas si Ă©loignĂ© d’une fantaisie comme La ForĂȘt mouillĂ©e, qui constituera quelques mois plus tard, au printemps de 1854, un jeu de massacre spirituel, qui tourne gentiment en dĂ©rision les interrogations mĂ©taphysiques de Hugo19. 20 OcĂ©an », CFL, t. IX, p. 678. 16 Je suis sans forme et sans nombre20 », dĂ©clare OcĂ©an. Sans nul doute, et en son genre c’est un pervers polymorphe, il est le frĂšre du dĂ©mon LĂ©gion ou de l’Esprit humain, l’infini de ses vagues et de ses flots fait de lui l’incarnation du multiple, du pluriel, du divers. Cependant, si OcĂ©an est sans forme et sans nombre », son chant, poĂ©tiquement et mĂ©triquement, est soumis Ă  la forme et au nombre, c’est sa caractĂ©ristique la plus visible. La forme et le nombre qu’il rĂ©cuse, c’est celui du vers qui serait beau comme de la prose », la prorsa oratio 21 Ibid., p. 679. Moi, je ne suis pas la pour roue et pour charrue Le tourbillon ;Je bondis, c’est ma maniĂšre ;Je n’accepte pas l’orniĂšre Ni le sillon21. 17Dans cette contradiction intime prend sens l’écriture de la nĂ©buleuse- OcĂ©an » parallĂšlement avec les autres poĂšmes de fĂ©vrier 1854. Elle les rĂ©pĂšte, thĂ©matiquement, et, pour ce qui est du poĂšme de Satan, en donne une reprĂ©sentation achevĂ©e. Sauf que cette reprĂ©sentation est distordue, sous la forme d’une espĂšce d’anamorphose, et quel que soit le plan qu’on adopte Ă  son propos idĂ©ologique, stylistique, mĂ©trique. La projection qui en rĂ©sulte est donc de l’ordre de l’altĂ©ration. Ce qui est assez fascinant, c’est que ces cinq poĂšmes devraient ĂȘtre l’expression d’une poĂ©sie livrĂ©e Ă  elle-mĂȘme, une poĂ©sie en libertĂ©, ne cessant de jouir de sa propre invention, enivrĂ©e de la pulsion qui prĂ©side Ă  sa genĂšse, avec pour consĂ©quence un manuscrit Ă©toilĂ© de partout, et ne constituant pas un poĂšme, mais un texte. Ce n’est pas le cas. Bien entendu, le manuscrit, particuliĂšrement celui d’ OcĂ©an », est assez Ă©ruptif et explosif fig. 1 et 3, mais sans que sa cohĂ©sion soit jamais mise en question. L’énoncĂ© autant que l’énonciation est structurĂ©, organisĂ©. Quant aux quatre autres poĂšmes qui se rattachent Ă  OcĂ©an », ils ont un aspect trĂšs sage et disciplinĂ©. L’ensemble, enfin, est scandĂ© par les dates d’achĂšvement des poĂšmes. Paradoxalement, mĂȘme si ce regroupement de poĂšmes traduit une indĂ©niable effervescence, il est pliĂ©, jour aprĂšs jour, par Hugo Ă  la coercition d’une forme. Ce qui aurait pu n’ĂȘtre qu’un texte, avec ce que cela suppose d’indĂ©termination, se rĂ©vĂšle ĂȘtre au bout du compte un poĂšme. 18Un poĂšme d’une nature un peu particuliĂšre. Laquelle ? Il est en fait moins un poĂšme qu’une chimĂšre de poĂšme. Une chimĂšre au sens romantique du terme, c’est-Ă -dire une configuration oĂč se confrontent l’une Ă  l’autre les catĂ©gories du rĂ©el et du possible. RĂ©el, ce poĂšme d’ OcĂ©an » et de sa nĂ©buleuse, structurĂ©, ordonnĂ©, cohĂ©rent, en un ensemble achevĂ© ; imaginaire, ce qui se cherche et s’invente, comme le poĂšme de Satan, en cours de constitution. La nĂ©buleuse- OcĂ©an », qui devrait ĂȘtre un chaos textuel en belligĂ©rance avec lui-mĂȘme, est la forme que prend l’Ɠuvre en train de se faire et qui se fixe en un poĂšme. Fig. 3 Manuscrit d’ OcĂ©an » La LĂ©gende des siĂšcles Naf 24758 1F., f° 130 r°. 22 Voir CFL, t. X, p. 667, 668 et 670. 19Le destin de la nĂ©buleuse- OcĂ©an » elle-mĂȘme n’est pas sans intĂ©rĂȘt les cinq poĂšmes seront redistribuĂ©s – pas dĂ©membrĂ©s, puisque jamais ils n’ont constituĂ© un poĂšme d’une seule tenue – dans des recueils prĂ©posthumes comme Les Quatre Vents de l’Esprit Sur la falaise » ou la sĂ©rie complĂ©mentaire de La LĂ©gende des siĂšcles OcĂ©an », Les paysans au bord de la mer », ou posthumes comme Toute la lyre Chanson de bord », Gros temps la nuit ». Plusieurs plans, il est vrai, prĂ©voyaient de faire entrer OcĂ©an » dans la premiĂšre sĂ©rie de la LĂ©gende22, mais ce projet a Ă©tĂ© finalement abandonnĂ©, tant il est clair qu’un aussi volumineux poĂšme aurait dĂ©sĂ©quilibrĂ© l’ensemble du recueil, outre qu’il ne s’accordait pas du tout Ă  son orientation poĂ©tique et idĂ©ologique telle qu’elle s’était fixĂ©e au printemps de 1859. Une fois exclu de la LĂ©gende, il Ă©tait inemployable, comme les poĂšmes qui lui servaient d’escorte ; de lĂ  leur recyclage dans les recueils fourre-tout de la fin. Triste destin, mais il ne pouvait en ĂȘtre autrement si la nĂ©buleuse- OcĂ©an » est un des grands moments gĂ©nĂ©tiques de l’Ɠuvre de Hugo, la contrepartie est qu’elle n’a existĂ© poĂ©tiquement Ă  un moment donnĂ© que comme une chimĂšre plus ou moins expĂ©rimentale, elle a Ă©tĂ© une sorte de miroir de concentration » de l’Ɠuvre en train de se chercher. Celle-ci se trouvera, au printemps, quand Hugo se mettra rĂ©solument Ă  La Fin de Satan, en Ă©crivant Et nox facta est » et La sortie de l’ombre » mars-avril 1854, et Ă  l’automne, lorsqu’il commencera Ă  fixer la poĂ©tique des Contemplations avec RĂ©ponse Ă  un acte d’accusation » octobre 1854 et leur politique, un mois plus tard, avec Écrit en 1846 » novembre 1854. La nĂ©buleuse- OcĂ©an » Ă©tait donc du passĂ© et n’entrait pas dans les nouvelles configurations gĂ©nĂ©tiques de l’Ɠuvre. Pour employer un mot qu’aime Hugo, elle est un rĂ©sidu – ce qui reste de l’Ɠuvre quand le travail gĂ©nĂ©tique qui l’animait a pris fin. 23 BnF, Naf 24 787, f° 1 reproduit par RenĂ© Journet et Guy Robert dans leur ouvrage Autour des Cont ... 20Rappelons pour finir la note prĂ©testamentaire que Hugo rĂ©dige le 19 novembre 1846 ; elle commence par cette phrase Le travail qui me reste Ă  faire apparaĂźt Ă  mon esprit comme une mer23 », et, un aperçu de cette mer de projets et de rĂ©alisations ayant Ă©tĂ© dĂ©crit et leur localisation indiquĂ©e l’armoire en faux laque », Hugo termine par ces mots Ă  l’adresse de ses enfants Ils publieront tout cela sous ce titre OcĂ©an ». Il se trouve que la nĂ©buleuse- OcĂ©an » n’a jamais figurĂ© dans OcĂ©an, puisque ses poĂšmes ont Ă©tĂ© publiĂ©s, au moins pour trois d’entre eux, dont OcĂ©an », du vivant de Hugo. Rien d’ironique Ă  cela OcĂ©an » Ă©tait bien achevĂ© depuis 1854 et n’avait pas Ă  subir le sort des opera interrupta. Il Ă©tait surtout, en miniature, l’image parfaite de l’Ɠuvre. Haut de page Notes 1 Le mot de nĂ©buleuse » est de Jean Massin, il sert de titre au regroupement des poĂšmes OcĂ©an », Chanson de bord », Gros temps la nuit », Sur la falaise », Les paysans au bord de la mer », qu’il rĂ©unit dans son Ă©dition des ƒuvres complĂštes, Paris, Club français du livre [dĂ©sormais CFL], 1968, t. IX, p. 669-692. 2 Voir Jean Gaudon, Victor Hugo Ă  Jersey », CFL, t. IX, p. xl, et Le Temps de la contemplation, Paris, Flammarion, 1969, p. 205-207. 3 Le nombre de strophes indiquĂ© n’est qu’approximatif ; il faudrait Ă©galement tenir compte des strophes rayĂ©es par Hugo sur le manuscrit des poĂšmes, et dans ce cas on arrive Ă  environ 160 strophes. 4 Voir Jean Gaudon, De la poĂ©sie au poĂšme remarques sur les manuscrits poĂ©tiques de Victor Hugo », Genesis, n° 2, Manuscrits poĂ©tiques », 1992, p. 81-100, en particulier pour la nĂ©buleuse- OcĂ©an » p. 98-99. 5 Renvoyons Ă  l’article dĂ©cisif de Pierre Albouy, Une Ɠuvre de Victor Hugo reconstituĂ©e », RHLF, juillet-septembre 1960, p. 388-423 et Ă  la prĂ©sentation et la publication du poĂšme dans CFL, t. X, p. 249-287. 6 Hugo utilise rĂ©guliĂšrement dans son Ɠuvre cette citation de l’Évangile selon saint Jean 3, 8 Le vent [ou l’esprit] souffle oĂč il veut [
]. » 7 Voir RenĂ© Journet et Guy Robert, Contribution aux Ă©tudes sur Victor Hugo, t. II, Le texte de La Fin de Satan » dans le manuscrit Paris/Besançon, Les Belles-Lettres/Annales littĂ©raires de l’universitĂ© de Besançon, 1979, p. 11. 8 OcĂ©an », CFL, t. IX, p. 677-683. 9 Ibid., p. 681. 10 Ibid., p. 683. 11 Ibid., p. 676, n. 2, p. 677, n. 15 et p. 683, n. 42. 12 Le poĂšme Chanson de bord » n’est pas datĂ©, mais, comme le remarque Massin dans son Ă©dition, le glissement de trois de ses strophes dans OcĂ©an » et Les paysans au bord de la mer » implique qu’il leur est antĂ©rieur. 13 Voir supra, n. 12. 14 Les pauvres gens », La LĂ©gende des siĂšcles, CFL, t. X, p. 632. Nous rĂ©tablissons la majuscule Ă  OcĂ©an, que cette Ă©dition imprime Ă  tort avec une minuscule. 15 Le lien entre les deux poĂšmes est tel que les vers 13 et 14 de Chose vue un jour de printemps » se trouvaient dans Les pauvres gens » CFL, t. X, p. 635, n. 8, oĂč ils ont Ă©tĂ© rayĂ©s une fois transfĂ©rĂ©s. 16 Ajoutons un alexandrin dĂ©libĂ©rĂ©ment prosaĂŻque dans Les pauvres gens », qui fait multiplier Ă  Hugo les monosyllabes Ă  l’intĂ©rieur des vers et prodiguer les rimes indigentes. Par exemple Mon pauvre homme ! ah ! mon Dieu ! que va-t-il dire ? Il a/DĂ©jĂ  tant de souci ! Qu’est-ce que j’ai fait lĂ  ? » CFL, t. X, p. 636. 17 Voir Le glaive », La Fin de Satan ; CFL, t. XI, p. 1634-1636. 18 OcĂ©an », CFL, t. IX, p. 680, ainsi que les citations suivantes. 19 Voir Jean Gaudon, Le Temps de la contemplation, Ă©d. citĂ©e, p. 210-214. 20 OcĂ©an », CFL, t. IX, p. 678. 21 Ibid., p. 679. 22 Voir CFL, t. X, p. 667, 668 et 670. 23 BnF, Naf 24 787, f° 1 reproduit par RenĂ© Journet et Guy Robert dans leur ouvrage Autour des Contemplations », Paris/Besançon, Les Belles-Lettres/Annales littĂ©raires de l’UniversitĂ© de Besançon, 1955, p. 31, ainsi que la citation de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Pierre Laforgue, OcĂ©an » texte, poĂ©sie, poĂšme fĂ©vrier 1854 », Genesis, 45 2017, 61-70. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Pierre Laforgue, OcĂ©an » texte, poĂ©sie, poĂšme fĂ©vrier 1854 », Genesis [En ligne], 45 2017, mis en ligne le 15 dĂ©cembre 2018, consultĂ© le 27 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Pierre LaforguePierre Laforgue est professeur de littĂ©rature française Ă  l’universitĂ© de Bordeaux-Montaigne. SpĂ©cialitĂ© acadĂ©mique Hugo. Domaines de recherche romantisme français, francophonie caribĂ©enne ; approches sociocritique, gĂ©nĂ©tique. Derniers ouvrages parus La Fabrique de La ComĂ©die humaine », Presses universitaires de Franche-ComtĂ©, 2013 ; Stendhal alla Monaca. Le roman, le romanesque, le romantisme, Classiques Garnier, 2016. pajlaforgue de page Droits d’auteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page Courage mĂȘme si les blessures restent Ă©ternellement gravĂ©es, le cƓur fini toujours par guĂ©rir. Amour PassionnĂ© Souffrance AssurĂ©e! ;) Amour PassionnĂ© Souffrance AssurĂ©e! Rated: Fiction M - French - Hurt/Comfort/Romance - J. Rizzoli, M. Isles - Chapters: 24 - Words: 83,497 - Reviews: 291 - Favs: 24 - Follows: 30 - Updated: 12/31/2013 - Published: 7/29/2013 - Status: Complete - id:
Une vie entre deux ocĂ©ans est un roman sensible, humain, qui fait la part belle Ă  des Ă©motions profondes et prend le temps de raconter
 L’histoire se dĂ©roule dans les annĂ©es 20, en Australie. Tom Sherbourne est revenu de la guerre avec ses deux bras et ses deux jambes, une chance que beaucoup n’ont pas connue. Il est temps de commencer une autre vie, dans laquelle il n’est plus tout Ă  fait le mĂȘme sans pour autant ĂȘtre si diffĂ©rent
 Stedman pose ses personnages avec une plume fine et prĂ©cise. Une fois installĂ©, Tom eut tout le temps de repenser Ă  la guerre. Aux visages, aux voix des copains qui ne l’avaient pas abandonnĂ©, qui lui avaient sauvĂ© la vie d’une maniĂšre ou d’une autre ; ceux dont il avait recueilli les derniĂšres paroles, ceux qui avaient marmonnĂ© des sons incomprĂ©hensibles, auxquels il avait rĂ©pondu d’un signe de tĂȘte. Tom n’est pas un de ces hommes dont les jambes ne tenaient plus que par des Ă©cheveaux de tendons 
. Mais il est malgrĂ© tout trĂšs marquĂ©, puisqu’il doit vivre dans la mĂȘme peau que l’homme qui a fait toutes ces choses qui ont dĂ» ĂȘtre faites lĂ -bas. Il porte en lui cette ombre diffĂ©rente, projetĂ©e vers l’intĂ©rieur ». Tom hĂ©rite d’un poste particulier celui de gardien de phare. Un poste oĂč la responsabilitĂ© est lourde et la solitude grande, sur l’üle de Janus, battue par les vents et les vagues. Ces derniĂšres annĂ©es, beaucoup de livres Ă©voquent la mer comme Le Grand Marin de Catherine Poulain, la solitude, les phares comme La mĂ©moire des embruns de Karen Viggers. Des univers qui font la part belle Ă  l’authenticitĂ©, Ă  la rudesse des Ă©lĂ©ments qui se dĂ©chaĂźnent et Ă  l’isolement si propice Ă  la rĂ©flexion sur soi-mĂȘme. Évoquant le phare de Janus, Stedman a cette jolie phrase c’est son isolement lui-mĂȘme qui sauve tout le continent de l’isolement ». Tom, notre gardien de phare, rencontre vite une jeune femme, Isabel, qui nourrit un profond dĂ©sir d’enfant. HĂ©las, dans les annĂ©es 20 plus qu’aujourd’hui, la vie et la mort sont souvent entrelacĂ©es les fausses couches sont lĂ©gion et Isabel en fait l’amĂšre expĂ©rience. Jusqu’au jour oĂč elle perd un bĂ©bĂ© Ă  un stade avancĂ© de la grossesse. AveuglĂ©e par le chagrin, Isabel se recueille sur la tombe de ce petit ĂȘtre qui ne grandira pas lorsqu’elle croit entendre des pleurs de bĂ©bĂ©. La coĂŻncidence est troublante, presque impossible un petit bateau s’est Ă©chouĂ© sur Janus
 avec un nouveau-nĂ©. A l’instant oĂč une vie s’est Ă©teinte, une autre apparaĂźt. Comment ne pas y lire un prĂ©sage, un signe du destin ? Isabel et Tom vont alors devoir faire un choix faut-il signaler l’arrivĂ©e de cet enfant venu de nulle part pour essayer de retrouver sa famille ? Faut-il au contraire interprĂ©ter son arrivĂ©e comme un signe du destin, un envoyĂ© du ciel pour remplacer leur bĂ©bĂ© mort ? On plonge dans de trĂšs belles descriptions de la vie prĂšs du phare, au rythme des contacts occasionnels avec le continent Ă  travers un bateau de liaison, unique fil tendu avec la cĂŽte. Un huis clos oĂč se jouent des questions de morale mais aussi d’amour. Les vĂ©ritĂ©s finissent souvent par Ă©clater ; elles sont parfois violentes, parfois fortes, parfois bouleversantes
 et sous la belle plume de Stedman, les personnages prennent vie dans leur complexitĂ©. Un premier roman rĂ©ussi !
Peuimporte la situation que nous traversons, mĂȘme si nous avons l’impression que les ocĂ©ans se dĂ©chaĂźnent contre nous, nous ne devons jamais oublier la promesse de Dieu nous disant qu’Il sera toujours Ă  nos cĂŽtĂ©s, car c’est la vĂ©ritĂ©. MĂȘme si nous ne le sentons pas toujours, Il est lĂ . MĂȘme si JĂ©sus-Christ ne se manifeste pas encore dans notre situation, nous devons croire 11 juin 2011 6 11 /06 /juin /2011 1524 Chanson 3 des sirĂšnes Chanson 4 des sirĂšnes Dans un ocĂ©an dĂ©chaĂźnĂ© j’ai sombrĂ© EmprisonnĂ©e par les vagues bleues Je me suis libĂ©rĂ©e et j’ai enfin regardĂ© L’amour droit dans les yeux Mille fois il m’a fallut encore batailler Afin de tenir ma promesse MĂȘme si l’eau dans l’air devait s’évaporer Je continuerais sans cesse Ma mĂ©lodie m’apporte Sa chaleur, sa chaleur, sa chaleur Elle est toujours plus forte Dans mon cƓur, dans mon cƓur, dans mon cƓur, Elle m’a sauvĂ©e, et me sauveras ! MĂ©lodie qui rĂ©sonne Aux notes vibrantes de l’amour Ton rythme puissant me donne La seule vĂ©ritĂ© a chaque jour Tu nous remplis d’espoir Et tu nous invente la lumiĂšre Qui Ă©claire un autre Univers La force de l’amour un jour triomphera Et pour que rĂšgne a jamais Cet air d’amour pour toi et moi! Published by Linh - dans Pichi Pichi Pitch Traductionen français des paroles pour Sirenix par Winx Club. Sirenix I feel the power of the ocean, Connecting with the deepest part of me, Sirenix Entrez le titre d'une chanson, artiste ou paroles. PalmarĂšs de paroles CommunautĂ© Contribuer Business. Connexion S’inscrire. Paroles et traductionSirenix Winx Club. DerniĂšre mise Ă  jour le: 22 juillet 2017. 6 traduction disponible Citation dechaine SĂ©lection de 4 citations sur le sujet dechaine - Trouvez une citation, une phrase, un dicton ou un proverbe dechaine issus de livres, discours ou entretiens. 1 Lesarchives par sujet : incroyable jardin du migron. PrĂ©cĂ©dent 3 456 7 Suivant EXPOSITION AUDE MACHEFER. Exposition, Danse - Bal - Cabaret Minerve 34210 Du 12/08/2022 au 21/09/2022 Originaire de Lomagne, Aude Machefer peint sur des coloquintes qu’elle cultive elle-mĂȘme. Avec Sans Accords Abrite-moi sous tes ailes,Couvre-moi par ta main puissante. MĂȘme si les ocĂ©ans se dĂ©chaĂźnent,Je les traverserai avec tu domines les tempĂȘtes,Je suis tranquille car tu es lĂ . En JĂ©sus seul je me confie,Il me donne force, calme et puissance. F2 Am7 C/G G F2 Am7 C/G G C G/B Am F D/F G Abr ite-m oi sous t es a iles, C/E F Dm G Couvre-m oi par ta main puiss ante. C C/E F G C MĂȘme si les o cĂ©ans se dĂ©ch aĂźnent, C C/E F G Am Je les traver serai avec t oi. C/E F G Am PĂšre, tu do mines les temp ĂȘtes, C/E F G F2 Je suis tran quille car tu es l Ă . C G/B Am F D/F G En JĂ©s us s eul je me c onfi e, C/E F Dm G Il me d onne force, calme et puiss ance. F2 Am7 C/E G F2 Am7 C/E G Reuben Morgan - Still © 2002 Hillsong Publishing. Adaptation française © 2008 Samuel Rodrigues – Matthieu Rouffet Note importante Ces fichiers sont Ă  utiliser uniquement dans le cadre privĂ©. Pour tout usage public Ă©glise / organisation / Ă©vĂ©nement / groupe, merci de bien vouloir vous rapprocher de la LTC pour le paiement des droits des chants gĂ©rĂ©s par la LTC inclut l’ensemble des Ɠuvres des recueils connus et bien d’autres, et vous rapprocher des auteurs directement pour les autres. Souscrire Ă  une licence LTC Contacter la LTC sur contact Vous avez aimĂ© ? Partagez autour de vous ! Parolesde Ah Si JĂ©tais RestĂ© CĂ©libataire. AndrĂ© Verchuren . Les Tops D'andrĂ© Verchuren ALBUM. Relax, tellement relax Etendu, dĂ©tendu Pas de tĂ©lĂ©phone ou fax Pas de malentendu Sur le dessus du lit Je suis Ă  ta merci. Et s'il est trop petit Glissons sur le tapis PĂ©pĂšre, tellement pĂ©pĂšre Pas pressĂ© d'arriver Se laisser la riviĂšre Gentiment dĂ©border Nager, c'est magnifique MĂȘme s
[Couplet 1]Je ne suis qu'une goutte dans l'ocĂ©an, une goutte de plus parmi vousUne goutte de pluie ou une larme de plus sur les jouesDe notre planĂšte Terre, MĂšre pardonne nousL'Homme a créé ce tourbillon, qui nous a tous rendus fousFolie gĂ©nĂ©rale, mĂȘme les climats ne tiennent plus le coupNos vies ternissent par notre faute, on en a mĂȘme perdu le goĂ»tJ'ai peur du coup, pourtant j'ai bien vu la Lueur du gouffreDu moins je l'ai aperçue, en Ă©clairant un peu mon coeur du fouillisQue le Soleil, la Lune, les Arbres, les Mers nous pardonnentToutes les espĂšces vivantes que la mienne a exterminĂ©es...J'demande pardon, parce que tout le mal qu'on a crééFaudra de la force pour le rĂ©parer et j'ai du mal Ă  voir que ce monde est prĂȘtL'immonde est prĂšs de nous mais j'ai la foi que ça changeÇa parait fou une goutte de plus peut-ĂȘtre une goutte qui dĂ©range...Une goutte noyĂ©e, dans un ocĂ©an qui se dĂ©chaĂźneEt tente de nous broyer, voyez, on a pourtant pas de haine dans les gĂȘnesTant pis, on part de lĂ , mais on peut aller loinL'enfant en chacun le sait mĂȘme si on fait comme si tout allait bienQue la rage demeure, fait naĂźtre tant de violence dans nos coeursTrop de conflits en pagaille, aux ondes qui s'installent dans nos peursVenez pas, faire un tour dans nos esprits en bordelMĂ©lancolie, une goutte de plus et le poison devient mortelSimple reflet d'un monde particuliĂšrement en bordelJuste une goutte de plus pour que dĂ©borde le vase ou l'cocktail[Couplet 2]Parce qu'il suffit d'une goutte de plus parfois pour que tout changeRééquilibrer, faire basculer, pas besoin de beaucoup de chanceJuste du goutte Ă  goutte, avant que le sablier ne se videLimpidement le temps s'Ă©coule, et la raison ordonne de fuir viteLe coeur dit de se battre et mĂȘme si c'est trop tardDignement allons-y pour le geste, et pour que nos idĂ©aux partentRejoindre le Ciel, qu'on en reçoive les pluiesJuste une goutte pour chacun, une goutte qui suffirait Ă  remplir chaque coeurMĂȘme si le temps Ă©crit tristesseOn aperçoit la LumiĂšre au loin, libĂ©ratrice, mĂ©langeant calme et ivresseQui goutte Ă  goutte nourrit lorsqu'on s'en approcheLoin de cette maudite flaque, reflet d'une Ă©poque atroceUne LumiĂšre qui semble ĂȘtre la sourceQui se dĂ©verse dans les coeurs pleins d'espoir et qui fait fondre la frousseQue la Vie nous donne le courageDe ne plus se voiler la face, une goutte de cran, de compassionJuste une goutte qui soulage...Je ne suis qu'une goutte de plus noyĂ©e dans l'ocĂ©an qui saitQu'Ă  nous tous, on pourrait faire plein de vagues et tout Ă©clabousserPoussĂ©e par un Vent de Sagesse, Ă©manant du CielUn peu plus de Foi, la mienne, elle m'a rendu sienneQue chaque maillon se ressoude et reconstitue la chaĂźneEt si ce monde veut notre peau, gardons l'Esprit et la ChairOn y arrivera, mĂȘme si ici le Mal est bien portantParce qu'on est tous une goutte de plusEt que chaque goutte est importante....[ParlĂ©]Chaque pensĂ©e, chaque motJuste une goutte de plusChaque geste, chaque actionJuste une goutte de plusChaque personneJuste une goutte de plusJuste une goutte de plusJuste une goutte de plusCar tout n'est que le maillon d'une longue chaĂźneEt qu'on peut tous changer le monde Ă  son Ă©chelleCar tout n'est que le maillon d'une longue chaĂźneEt qu'on peut tous changer le monde Ă  son Ă©chelleHow to Format LyricsType out all lyrics, even repeating song parts like the chorusLyrics should be broken down into individual linesUse section headers above different song parts like [Verse], [Chorus], italics lyric and bold lyric to distinguish between different vocalists in the same song partIf you don’t understand a lyric, use [?]To learn more, check out our transcription guide or visit our transcribers forum
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meme si les oceans se dechaine paroles